Amatrice du goût français, au fait des dernières modes parisiennes, la reine mère Nazli d’Égypte a commandé pour l’occasion à Van Cleef & Arpels deux parures de diamants : l’une pour la corbeille de noces de sa fille, réunissant un diadème, une collerette et deux paires de boucles d’oreilles ; l’autre pour elle, composée d’une impressionnante tiare et d’un collier serti de plus de 670 diamants. Témoignant de « sa haute satisfaction », elle fera écrire par son chambellan une lettre de remerciement à Van Cleef & Arpels.
Le destin de ces joyaux suivra la reine Nazli lorsqu’à la fin des années 1940, elle quitte l’Égypte pour s’installer en Californie, où elle demeurera jusqu’à sa disparition en 1978. En 1975, afin d’entretenir son fastueux train de vie, elle se sépare d’une partie de sa collection, dont ce fabuleux collier. Nul ne le revoit avant qu’il réapparaisse, en décembre 2015, lors d’une vente organisée à New York par Sotheby’s. Van Cleef & Arpels, qui depuis le milieu des années 1980 reconstitue son patrimoine en réunissant des pièces emblématiques de son histoire, s’en porte alors acquéreur.
Collier en platine et diamants, 1939
Commande spéciale réalisée pour Sa Majesté la reine Nazli d’Égypte - Collection Van Cleef & Arpels
673 diamants pour 204,03 carats
Dans une symétrie parfaite, le collier de la reine Nazli associe les lignes de 318 diamants taille baguette (47,81 carats) dont les dimensions, croissantes au cœur de la pièce, sont tout à fait exceptionnelles, et celles de 355 diamants ronds (156,22 carats) – certains semblant suspendus tels des flocons de lumière. Encadrées par deux motifs de rubans, ces rivières convergent vers un important diamant central d’environ 6 carats. Porté par la reine avec des robes de Haute Couture, ce joyau d’apparat se révèle d’une harmonie aussi rigoureuse que subtile.
Pancarte du collier de la reine Nazli d’Égypte, 1939 - Archives Van Cleef & Arpels
S’il rappelle les colliers pectoraux de l’Antiquité égyptienne, son dessin emprunte au style Art déco, privilégiant l’épure, la sobriété des lignes et la monochromie : il joue sur le blanc, en sertissant des diamants sur du platine afin d’en exalter la brillance. Ce parti-pris esthétique illustre la capacité de Van Cleef & Arpels à fournir des pierres exceptionnelles, mais aussi à réaliser une commande qui comble les souhaits de la reine. En effet, cette création se détache avec éclat dans le contexte stylistique de la fin des années 1930. À cette époque, la Maison privilégie l’or jaune – comme en témoigne le collier Passe Partout – et les pierres précieuses de couleur, telles que le rubis, sublimé par la technique du Serti Mystérieux™.
La Collection Van Cleef & Arpels
Grâce à sa collection privée, réunissant plus de 900 pièces, Van Cleef & Arpels donne à découvrir la richesse de son patrimoine lors d’expositions internationales. Pour la première fois depuis son acquisition par la Maison, le collier de la reine Nazli sera dévoilé au public à l’occasion de l’exposition « Van Cleef & Arpels : The Art and Science of Gems », au ArtScience Museum de Singapour du 23 avril au 14 août 2016.
L’histoire de ce collier, aujourd’hui pièce majeure de la Collection Van Cleef & Arpels, est également racontée dans l’ouvrage de Vincent Meylan, Trésors et légendes, Van Cleef & Arpels, paru aux Éditions Télémaque (2012).